Cet outil de dépistage concerne le trouble bipolaire (également appelé psychose maniaco-dépressive). Il s’adresse à toute personne qui éprouve des sautes d’humeur extrêmes ou des changements d’énergie. Le test prend 5 à 10 minutes à compléter. Les questions sont basées sur le Questionnaire des Troubles de l’Humeur (MDQ), un outil de dépistage validé utilisé par les professionnels de santé mentale. Ce test est complètement anonyme et confidentiel.
Qu’est-ce que le trouble bipolaire ? Le trouble bipolaire est un trouble de santé mentale causant des sautes d’humeur extrêmes entre des hauts émotionnels (manie ou hypomanie) et des bas (dépression). Ce ne sont pas simplement des hauts et des bas normaux – ce sont des changements intenses qui affectent l’énergie, les niveaux d’activité et la capacité à fonctionner. En France, environ 1 à 2,5% de la population souffre de trouble bipolaire.
Ceci n’est pas un diagnostic – il s’agit uniquement d’un outil de dépistage. Le trouble bipolaire est traitable avec des médicaments et une thérapie appropriés. Discutez des résultats avec votre médecin généraliste ou un psychiatre. Ce test est anonyme et confidentiel.
Le trouble bipolaire implique des épisodes de changements d’humeur extrêmes :
Épisodes maniaques (Trouble bipolaire de type I) :
Humeur anormalement élevée, expansive ou irritable, énergie et activité accrues, besoin de sommeil diminué, pensées rapides et discours accéléré, comportement impulsif ou risqué, estime de soi gonflée ou grandiosité, facilement distrait(e). Dure au moins une semaine (ou nécessite une hospitalisation).
Épisodes hypomaniaques (Trouble bipolaire de type II) :
Similaire à la manie mais moins sévère. Ne cause pas de déficience majeure. Dure au moins quatre jours. Changement notable par rapport au comportement habituel. L’hypomanie est souvent perçue comme une période de grande productivité.
Épisodes dépressifs :
Tristesse persistante ou vide émotionnel, perte d’intérêt pour les activités, faible énergie et fatigue, changements de sommeil et d’appétit, difficulté à se concentrer, sentiments d’inutilité ou de culpabilité, parfois des pensées de mort ou de suicide.
Trouble bipolaire de type I : Épisodes maniaques (peut aussi avoir des épisodes dépressifs). La manie est sévère et peut nécessiter une hospitalisation.
Trouble bipolaire de type II : Épisodes hypomaniaques et dépressifs (pas de manie complète). Souvent sous-diagnostiqué car l’hypomanie peut sembler positive.
Trouble cyclothymique : Périodes d’hypomanie et de dépression qui ne répondent pas aux critères complets. Symptômes présents pendant au moins 2 ans.
Le trouble bipolaire est souvent diagnostiqué à tort comme une dépression parce que les personnes cherchent généralement de l’aide pendant les épisodes dépressifs. Identifier les épisodes maniaques ou hypomaniaques est crucial pour un diagnostic et un traitement appropriés. Le délai moyen avant un diagnostic correct est de 5 à 10 ans en France.
Pensez aux périodes où vous vous sentiez très différent(e) de votre état habituel. Considérez toute votre vie, pas seulement actuellement. Répondez “Oui” si vous avez vécu chaque symptôme. Soyez honnête à propos des périodes élevées ou “hautes”, pas seulement de la dépression. Toutes les questions doivent être répondues pour des résultats précis.
Important : Ce test interroge sur les moments où votre humeur était élevée, haute ou irritable – pas sur les moments où vous vous sentiez déprimé(e). Beaucoup de personnes avec un trouble bipolaire cherchent de l’aide pendant la dépression mais ne reconnaissent pas les états d’humeur élevée
Avez-vous déjà eu une période de temps où vous n’étiez pas vous-même et…
Répondez “Oui” ou “Non” à chaque question :
C’est crucial car les épisodes bipolaires impliquent plusieurs symptômes survenant ensemble, pas des incidents isolés sur des années. Le regroupement temporel des symptômes est essentiel au diagnostic.
Comprendre l’impact aide à déterminer si les symptômes étaient suffisamment importants pour suggérer un trouble bipolaire. Le trouble bipolaire cause une altération significative du fonctionnement.
Le trouble bipolaire a une forte composante génétique, donc les antécédents familiaux sont pertinents. Le risque est 10 fois plus élevé si un parent au premier degré est atteint.
Un dépistage positif pour le trouble bipolaire nécessite LES TROIS éléments suivants :
Si vous remplissez les trois critères, vous avez un dépistage positif pour un possible trouble bipolaire.
Ce que cela signifie : Vos réponses suggèrent des symptômes compatibles avec un trouble du spectre bipolaire. Cela ne confirme pas que vous avez un trouble bipolaire, mais indique que vous devriez être évalué(e) par un professionnel de santé mentale, de préférence un psychiatre.
Prochaines étapes :
Informations critiques : Le trouble bipolaire nécessite des médicaments – la thérapie seule n’est pas suffisante. Les antidépresseurs sans thymorégulateurs peuvent déclencher la manie. Le traitement précoce prévient l’aggravation des épisodes. Avec un traitement approprié, la plupart des personnes vivent une vie pleine et productive.
Si vous vivez actuellement des symptômes sévères :
Manie sévère (pas de sommeil pendant des jours, comportement très risqué, psychose), dépression sévère avec pensées suicidaires – contactez les services de crise, appelez le 15 (SAMU) ou le 112, ou allez aux urgences psychiatriques.
Ce que cela signifie : Vos réponses ne suggèrent pas un trouble bipolaire. Cependant, d’autres conditions peuvent causer des changements d’humeur :
Dépression majeure, troubles anxieux, TDAH, trouble de la personnalité borderline, usage de substances, conditions médicales (problèmes thyroïdiens, troubles neurologiques).
Si vous êtes toujours en difficulté : Parlez à votre médecin de vos symptômes d’humeur. Décrivez les schémas que vous avez remarqués. Envisagez un dépistage pour la dépression ou l’anxiété. Excluez les causes médicales avec un bilan sanguin.
Nombre élevé de “Oui” (7+) mais les symptômes n’étaient pas ensemble : Peut suggérer une instabilité de l’humeur plutôt qu’un trouble bipolaire. Pourrait indiquer un trouble de la personnalité ou autre condition.
Problème “Modéré/Sérieux” mais moins de symptômes : Pourrait indiquer un autre trouble de santé mentale valant la peine d’être évalué. Consultez quand même un professionnel.
Antécédents familiaux de trouble bipolaire : Augmente votre risque – surveillez les symptômes et cherchez de l’aide tôt si préoccupé(e).
Le trouble bipolaire est une condition à vie mais hautement gérable avec un traitement approprié.
Médicaments (Essentiels) :
Thymorégulateurs : Lithium (Téralithe), valproate de sodium (Dépakote), lamotrigine (Lamictal). Le lithium est le traitement de référence en France depuis des décennies.
Antipsychotiques atypiques : Quétiapine (Xeroquel), olanzapine (Zyprexa), aripiprazole (Abilify), rispéridone (Risperdal).
Parfois des antidépresseurs : Uniquement avec un thymorégulateur (jamais seul car risque de virage maniaque).
Les médicaments préviennent les épisodes et réduisent la gravité. Il peut être nécessaire d’essayer différents médicaments pour trouver ce qui fonctionne. Des analyses de sang régulières sont nécessaires pour certains médicaments (lithémie pour le lithium, bilan hépatique pour le valproate).
Thérapies psychologiques :
Psychoéducation : Comprendre le trouble bipolaire et les déclencheurs. Essentiel pour l’acceptation et l’observance thérapeutique.
Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) : Gérer les pensées et comportements pendant les épisodes.
Thérapie familiale : Impliquer les proches dans le traitement. Important en France où la famille joue un rôle clé.
Thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux : Stabiliser les routines quotidiennes, essentiel pour prévenir les rechutes.
Gestion du mode de vie :
Maintenir un horaire de sommeil régulier (crucial pour prévenir les épisodes – l’insomnie peut déclencher la manie), éviter l’alcool et les drogues récréatives, exercice régulier, gestion du stress, suivre les schémas d’humeur (applications comme Moodistory, eMoods), identifier les signes avant-coureurs d’épisodes, construire un système de soutien solide.
Planification de crise :
Développer un plan de prévention des rechutes, identifier les signes avant-coureurs, savoir qui contacter, décisions anticipées sur les préférences de traitement, directives anticipées possibles en France.
Votre médecin généraliste : Première étape – demandez une orientation psychiatrique. Peut prescrire un traitement initial mais le suivi doit être fait par un psychiatre.
Services de santé mentale :
CMP (Centre Médico-Psychologique) : Consultations gratuites avec psychiatres. Suivi régulier possible. Peut gérer les cas stables.
Centres experts troubles bipolaires : Disponibles dans certains CHU :
Équipes de santé mentale communautaires : Pour le suivi et la coordination des soins.
Équipes de résolution de crise : Pour les situations d’urgence, disponibles dans les grandes villes.
Hospitalisation : Peut être nécessaire pendant les épisodes maniaques sévères ou la dépression avec risque suicidaire.
Soutien spécialisé :
France Dépression : Association nationale, groupes de parole, information. Couvre aussi le trouble bipolaire.
Argos 2001 : Association d’entraide pour les personnes souffrant de troubles bipolaires et leurs proches. Groupes de soutien à travers la France. Site : argos2001.fr
Fondation FondaMental : Réseau de centres experts pour les troubles bipolaires. Recherche et soins de pointe.
Psychiatrie privée : Accès plus rapide à l’évaluation spécialisée. Gestion continue des médicaments. Partiellement remboursé par la Sécurité sociale et mutuelle.
Rester bien :
Prenez les médicaments de façon constante (même en vous sentant mieux – l’arrêt brutal peut déclencher des épisodes). Maintenez des routines régulières, surtout le sommeil. Surveillez l’humeur avec des graphiques d’humeur ou des applications. Reconnaissez les signes avant-coureurs. Évitez les substances déclenchantes (alcool, cannabis, stimulants). Gérez le stress de manière proactive.
Signes avant-coureurs de manie : Besoin de sommeil diminué (dormir 3-4 heures et se sentir reposé), augmentation de la parole ou de l’activité, plus irritable que d’habitude, entreprendre trop de projets, augmentation des dépenses, idées de grandeur, distraction accrue.
Signes avant-coureurs de dépression : Faible énergie et motivation, perte d’intérêt pour les activités, changements de sommeil (trop ou pas assez), pensée négative, retrait social, ralentissement psychomoteur.
Quand chercher une aide immédiate : Pensées de suicide ou plan suicidaire, symptômes maniaques sévères (pas de sommeil pendant plusieurs jours), psychose (voir/entendre des choses), comportement très risqué (dépenses massives, comportements sexuels à risque), incapacité à prendre soin de vous.
Soutenir le rétablissement : Rendez-vous réguliers avec le psychiatre (généralement tous les 1-3 mois quand stable), revues de médicaments (ajustements selon les besoins et lithémie), séances de thérapie, participation à des groupes de soutien, implication familiale, soutien à l’emploi/éducation si nécessaire (la RQTH peut aider pour les aménagements).
En France : Le trouble bipolaire peut être reconnu en ALD (Affection de Longue Durée), permettant une prise en charge à 100% des soins liés au trouble. La MDPH peut attribuer des aides (AAH, RQTH) selon le degré de handicap.
Comment aider :
Renseignez-vous sur le trouble bipolaire, encouragez l’adhésion au traitement, aidez à repérer les signes avant-coureurs, soyez patient(e) pendant les épisodes, évitez de juger le comportement pendant les épisodes (ce n’est pas la personne, c’est la maladie), maintenez des limites et prenez soin de vous, offrez un soutien pratique (rendez-vous, rappels de médicaments).
Pendant les épisodes maniaques : Restez calme et évitez les disputes, limitez l’accès aux cartes de crédit/comptes bancaires si possible, encouragez le sommeil et la réduction de la stimulation, contactez l’équipe de santé mentale si sévère, ne participez pas aux projets grandioses, protégez la personne sans l’humilier.
Pendant les épisodes dépressifs : Encouragez les petites activités, fournissez des réassurances, surveillez le risque suicidaire, aidez avec les tâches quotidiennes si nécessaire, rappelez que c’est temporaire et que ça passera.
Ce qu’il ne faut PAS dire : “Ressaisis-toi juste”, “Tu exagères trop”, “Tout le monde a des sautes d’humeur”, “Tu devrais juste penser positivement”.
Ressources pour les proches : Argos 2001 propose des groupes spécifiques pour les familles. Les programmes de psychoéducation familiale sont disponibles dans les centres experts. L’Unafam (Union Nationale des Familles et Amis de personnes Malades) offre soutien et information.
Mythe : Le trouble bipolaire, ce n’est que des sautes d’humeur.
Réalité : Ce sont des épisodes d’humeur extrêmes durant des jours/semaines, pas des changements momentanés.
Mythe : Les personnes bipolaires sont toujours instables.
Réalité : Avec le traitement, la plupart atteignent de longues périodes de stabilité.
Mythe : Les médicaments sont optionnels.
Réalité : Les médicaments sont essentiels – le bipolaire est une condition biologique nécessitant un traitement médical.
Mythe : Vous ne pouvez pas travailler ou avoir des relations avec un trouble bipolaire.
Réalité : Beaucoup de personnes avec un trouble bipolaire ont des carrières réussies et des relations stables. Des personnalités célèbres en parlent ouvertement.
Mythe : La manie est agréable, pourquoi la traiter ?
Réalité : La manie cause de sérieux problèmes (financiers, relationnels, légaux) et précède souvent une dépression sévère (crash post-maniaque).
Ce dépistage est basé sur le Questionnaire des Troubles de l’Humeur (MDQ – Mood Disorder Questionnaire).
Référence : Hirschfeld, R.M., Williams, J.B., Spitzer, R.L., et al. (2000). Development and validation of a screening instrument for bipolar spectrum disorder: The Mood Disorder Questionnaire. American Journal of Psychiatry, 157(11), 1873-1875.
Le MDQ est validé en français et utilisé dans les études cliniques françaises et les centres experts bipolaires.
Cet outil de dépistage en ligne n’est pas un instrument de diagnostic. Il fournit uniquement des conseils et ne peut remplacer une évaluation professionnelle par un psychiatre qualifié.
Le diagnostic du trouble bipolaire nécessite une évaluation psychiatrique complète incluant :
En France : Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique reconnue nécessitant un suivi spécialisé. Le diagnostic doit être posé par un psychiatre. Le traitement, notamment le lithium, nécessite une surveillance biologique régulière (lithémie, fonction rénale, thyroïde).
Le trouble bipolaire peut bénéficier d’une reconnaissance en ALD 100% si le retentissement est important. La RQTH peut être demandée pour des aménagements professionnels.
Important : Ne jamais arrêter un traitement thymorégulateur brutalement – cela peut déclencher une rechute sévère. Tout ajustement doit se faire sous supervision médicale.
Si vous éprouvez des symptômes causant une détresse significative ou une altération du fonctionnement, contactez votre médecin généraliste pour une évaluation et un traitement appropriés.
Cet outil est à des fins d’information uniquement. Nous ne stockons pas d’informations de santé personnelles (conforme au RGPD).
Pronostic avec traitement : Avec un traitement approprié et une bonne observance, 70-80% des personnes avec un trouble bipolaire peuvent maintenir une stabilité de l’humeur et une bonne qualité de vie. Le suivi régulier et l’éducation thérapeutique sont essentiels.
Ressources d’urgence :
Urgences psychiatriques : Disponibles dans tous les hôpitaux